Université de rentrée 2010 : Discours de Marielle de Sarnez

Intervention de Marielle de Sarnez,
1ère Vice-présidente du Mouvement Démocrate
Université de rentrée du Mouvement Démocrate
25 septembre 2010

"Chers amis,

Je suis très heureuse de nous retrouver sur ce site magnifique de la presqu?île de Giens, remarquable par ses paysages et sa biodiversité. Je pense en particulier à ses moustiques ! Merci aux organisateurs, Delfyne et Pierre-Emmanuel, et à toutes leurs équipes. Merci aux militants du Var qui ont su si bien nous accueillir. 


Grâce à vous tous, grâce à la très grande qualité des intervenants extérieurs que nous avons souhaité inviter, nous allons passer ensemble trois jours uniques et forts.

Je veux saluer chaleureusement les équipes de jeunes, qui elles aussi, ont participé à l’organisation de ces journées. Féliciter le nouveau président des jeunes, François-Xavier Pénicaud, de sa récente élection. Ainsi que les nombreux jeunes militants élus qui sont maintenant en situation de responsabilité au sein de leur bureau national. Je veux également dire à Franck Faveur notre reconnaissance pour le travail en commun que nous avons conduit tout au long de ces deux dernières années. Merci à toi.

Et puis, je veux vous remercier, vous tous cadres, militants du Mouvement Démocrate d’avoir répondu présents, si nombreux, pour cette Université. Je sais les turbulences que nous avons traversées cette année. Souvent, je pense à toutes celles et tous ceux d’entre vous qui sont allés au combat aux élections régionales. Vous avez connu des déceptions. Que vous avez surmontées avec le temps. Mais, vous le savez bien, vous tous qui êtes rassemblés ici et qui avaient pris des risques : le risque, c’est la vie. Et en acceptant, en revendiquant comme vous l’avez fait votre part de risques, vous avez préparé les victoires de demain.



En votre nom, je veux remercier Marc Fesneau, pour l’action de reconstruction et de rénovation qu’il a patiemment et résolument menée depuis sa nomination comme secrétaire général du Mouvement Démocrate. Aujourd’hui, vous en êtes la preuve vivante. Le temps de la reconstruction est achevé. Le Mouvement Démocrate est rassemblé et cohérent. Merci à Marc et à ceux qui l’épaulent.

Merci enfin à toute l’équipe qui s’est exprimée ce matin. Le « shadow cabinet » du Mouvement Démocrate est désormais en place. Et c’est une bonne chose.

Nous l’avons fait parce que nous prenons au sérieux les problèmes des Français et que nous voulons être à leurs côtés dans les deux années qui viennent. Répondre à leurs attentes. Donner des réponses concrètes aux questions concrètes qu’ils se posent. Concernant leur avenir et plus encore celui de leurs enfants.
Nous l’avons fait pour démontrer au fil des propositions que, oui, un autre chemin est possible, pour eux et pour notre pays.
Cette équipe est soudée. Elle a l’habitude du travail en commun qui fait les vraies équipes. Elle est formée de femmes et d’hommes reconnus, dans leur parcours, dans leur ville, dans leur région. Venus d’horizons divers, centristes, écologistes, républicains, et tous démocrates.
Ils ont la compétence et le caractère, ce qui ne sera pas de trop pour affronter les temps qui viennent.
Au moment où nous voyons le parti majoritaire, et ses alliés, s’épuiser dans des querelles de personnes surréalistes, il est plutôt réjouissant de constater qu’au Mouvement Démocrate, nous sommes désormais en ordre de marche. Et que nous serons forts parce que nous sommes cohérents.
Cette université, nous l’avons voulue de rentrée, et non d’été. Parce qu’il nous semblait que les événements de ces dernières semaines ne manqueraient pas de confirmer nos craintes et nos appréhensions que nous exprimons depuis trois ans maintenant : la France n’est pas sur le bon chemin.
L’obsession qu’a le pouvoir de tout contrôler, son incapacité à écouter ceux qui ne sont pas de son « propre camp », son inaptitude à rassembler, et donc à réformer en profondeur et durablement, la montée voulue, souhaitée, orchestrée, des antagonismes, des tensions, des oppositions, tout cela n’est pas bon pour le pays. Surtout quand s’y ajoutent l’aggravation des injustices, le creusement des inégalités, et des valeurs de la République bousculées, chahutées.

Les Français sont déçus, beaucoup sont en colère. Une grande partie d’entre eux avaient cru au réformisme et à la rupture affichés par Nicolas Sarkozy. Or, depuis, ils constatent dans leur vie de tous les jours que les promesses d’hier ne sont pas tenues, et que rien ne change vraiment si ce n’est au profit des plus privilégiés.
Les Français sont déboussolés par la pratique frénétique du pouvoir présidentiel. Ce mélange de démagogie, d’autoritarisme, d’urgence et de confusion des pouvoirs qui aboutit à l’affaiblissement de la puissance publique, donc de l’État, au seul profit de l’Élysée. Et, dernier des paradoxes, à force d’être galvaudée, la parole présidentielle est aujourd’hui dévaluée.

Les Français sont choqués par la dégradation de l’image de la France à l’étranger. La France, pour les Français, pour ceux qui l’aiment, et la regardent dans le monde, porte en elle une exigence de valeurs, unique au monde. Ce n’est pas rien d’être regardé comme le pays des Droits de l’Homme, le pays des grands principes et des valeurs universelles. Ce n’est pas rien, mais cela crée une exigence d’exemplarité. Or, tout cela a brutalement été mis à mal ces dernières semaines. Cela fait des dégâts considérables en France comme à l’étranger. Au final, c’est notre pays qui est affaibli.

Franchement, se mettre à dos, le même jour, le Luxembourg, l’Allemagne, la Commission européenne, le Parlement européen, et j’en passe, c’est pour le moins contreproductif. Surtout à un moment où la France devrait consacrer son énergie à renforcer l’axe franco-allemand, et à mettre sur la table un certain nombre de propositions de nature à redonner du sens à l’engagement européen

Prenons quelques exemples.
François Bayrou a été le premier en France à défendre l’idée d’inscrire dans la Constitution l’interdiction d’un déficit excessif de fonctionnement. Pourquoi ne pas inscrire cette mesure dans un cadre européen. Voilà une proposition que la France pourrait faire à l’Allemagne en vue de stabiliser la politique budgétaire de l’ensemble des États membres. En France, cette mesure nous permettrait, outre de limiter notre déficit public, d’orienter durablement la dépense publique vers l’investissement, ce dont nous avons bien besoin pour préparer l’avenir.

Toujours sur le plan budgétaire, la Commission a remis sur la table l’idée d’un impôt européen. Saisissons nous de cette occasion pour poser la question d’une refonte de la législation fiscale européenne, et faire avancer par exemple l’idée d’une harmonisation de l’impôt sur les sociétés au sein de l’Union, seule à même de lutter contre le dumping fiscal.

Enfin, prenons des initiatives concernant l’emploi, les délocalisations et nos rapports avec les grands pays émergents. Nous avons besoin d’une politique industrielle européenne cohérente, dans laquelle la France prendra toute sa place.

De même, il faut poser la question de nos rapports commerciaux avec la Chine. L’Union européenne ne peut accepter plus longtemps, sans réagir, le dumping social, sanitaire, environnemental, responsable de trop nombreuses délocalisations sur notre territoire. Les coûts dérisoires de main d’œuvre, et les conditions déplorables de travail des salariés chinois ne doivent plus être considérés par la Commission européenne comme des « avantages compétitifs naturels ». Il faut une nouvelle politique commerciale de l’Union, reposant sur les principes d’équité et de réciprocité.

Franchement, j’aurais préféré que les dirigeants de mon pays s’engagent sur ces questions de fond, si importantes pour notre avenir, plutôt que de les voir montrer du doigt et stigmatiser une communauté, celle des 12000 Roms vivant en France, qui seraient, selon eux, les premiers responsables de l’insécurité publique.

Nous l’avions dit, tu l’avais dit François depuis le premier jour : nous ne nous reconnaissons pas dans l’inspiration de ce pouvoir. Ce n’est pas nous. Ce n’est pas la France que nous aimons. Ce n’est pas l’Europe que nous voulons.


Et je veux prendre devant vous encore quelques sujets d’actualité.
La réforme des retraites bien sûr. Nous n’avons cessé, sur cette question, d’avoir une position juste et courageuse depuis le début. Nous considérons que la réforme est nécessaire pour garantir un niveau correct de revenus aux futurs retraités. Même si ça n’est pas facile, nous assumons l’idée qu’il faudra travailler plus longtemps. Mais non nous ne voulons pas que ceux qui ont eu les carrières les plus fragiles, les plus précaires, soient obligés de travailler jusqu’à 67 ans ! Non je ne veux pas que les femmes qui se sont arrêté pour élever leurs enfants, soient obligées de travailler jusqu’à 67 ans, pour bénéficier de leurs droits acquis, sans décote. Cela n’est pas acceptable. Et je veux remercier François Bayrou d’avoir, le premier, mis en évidence cette injustice majeure, dont personne, jusque là, ne parlait. J’espère que le Sénat, grâce en particulier aux sénateurs démocrates, réparera cette injustice.

Je considère comme une occasion manquée de ne pas avoir avancé sur les conditions de travail des salariés. Bien sûr, il est nécessaire que la pénibilité soit mieux prise en compte dans le calcul des retraites. Et ce combat là, porté depuis longtemps par la CFDT, est juste. Mais au delà de la pénibilité, il y a les conditions de travail, de plus en plus difficiles pour les salariés. C’est un grand chantier qu’il nous faut ouvrir.
Je ne crois pas que l’on puisse exercer, tout au long de sa vie professionnelle, le même métier, surtout quand il est difficile, répétitif, stressant. On doit repenser complètement les parcours professionnels, avec davantage de diversité, et surtout avec des perspectives de carrière. Faire un boulot stressant à 20 ans, est une chose. Le faire pendant 40 ans, sans aucune perspective, en est une autre. Et puis, on ne travaille évidemment pas de la même manière à 30 ans ou à 50 ans. On n’a pas la même énergie. Ne pas prendre en compte toutes ces évidences, c’est nier la réalité. Voilà une réforme importante que nous porterons.
Deuxième point, l’école. Un rapport récent vient de nous le confirmer : l’école républicaine ne remplit plus son rôle d’ascenseur social. De l’école primaire au bac, les inégalités ne cessent de se creuser. Terrible constat : un enfant d’ouvrier a deux fois moins de chances de devenir bachelier qu’un enfant de cadre ou d’enseignant. La raison ? Le retard accumulé depuis l’école primaire. Un enfant de 10 ans qui ne maîtrise pas la lecture, se retrouvera quelques années plus tard en marge du système éducatif, sans diplôme, pour rejoindre ensuite la cohorte des jeunes chômeurs de longue durée.

C’est un terrible gâchis humain que nous ne pouvons accepter. Et devant ce constat, que fait le gouvernement ? Il vote à toute allure une Loi supprimant les allocations familiales pour les parents d’enfants en difficultés. Renvoyant dans la marginalité, non pas un enfant, mais une famille entière.
Cette façon de faire, ce n’est pas la nôtre. Elle en est même très éloignée. Pour nous chaque enfant, et surtout s’il vient d’un milieu défavorisé, doit faire l’objet de toutes les attentions. Et stigmatiser sa famille est contreproductif.
C’est tout le contraire de la politique éducative que nous entendons proposer.

Troisième fait d’actualité, l’affaire Woerth-Bettencourt. Dégât collatéral si l’on peut dire, les Français ont découvert avec stupeur, puis avec colère, au cours de l’été, que Madame Bettencourt ne payait, en cotisations sociales et en impôts, au total, selon les diverses estimations, qu’entre 9 pour cent et 20 pour cent de ses revenus réels disponibles. Autrement dit, proportionnellement, moins d’impôts que les contribuables des classes moyennes. Outre le fait que cela coûte de l’argent au budget de l’État, cela crée chez nos compatriotes, à juste titre, un terrible sentiment d’injustice qui mine le consensus social.

De même, et c’est lié, le Conseil des prélèvements obligatoires nous a appris que, grâce à une parfaite optimisation fiscale, les entreprises du CAC 40 parviennent à échapper à plus de la moitié de l’impôt sur les sociétés alors que la plupart des PME payent plein pot. C’est pourquoi, nous devons travailler à une réforme de notre fiscalité pour parvenir à un système plus juste, plus équitable, plus favorable à la création d’emplois, et à l’innovation, et plus soutenable. Sur ce sujet, comme sur d’autres, aucune question ne sera taboue.

Mes chers amis, les mois qui viennent nous permettront de parler directement avec les Français.
Pour proposer, en responsabilité, les orientations nouvelles dont la France a besoin.
Vous l’avez entendu, et vous l’entendrez tout au long de ces trois journées, ce qui sous-tendra chacune de nos propositions, c’est une certaine idée de l’homme, et de sa réalisation.

Au fond, c’est un idéal que nous défendons. Quelque chose qui dépasse chacun d’entre nous, et peut entraîner les peuples dans ce qu’ils ont de meilleur.

Nous sommes sereins et déterminés.
Nous ne laisserons pas détourner de ce que nous avons à faire.

C’est à nous qu’il revient de donner un espoir aux Français.
Les Français veulent que leur pays soit respecté.
Ils veulent un retour à des valeurs civiques.
Ils veulent qu’on ait le courage de leur dire la vérité.
Ils veulent une société de responsabilité
Ils veulent aussi une société solidaire
Et ils veulent un pays rassemblé.
C’est le chemin que nous vous proposons.
C’est l’aventure humaine à laquelle nous vous invitons."

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