"On conduit la France vers un modèle qui n'est pas le sien"
LE MONDE | 04.04.09 | 14h26 •
L'oeil rivé sur l'élection présidentielle de 2012, le président du MoDem dispute au PS le rôle de premier opposant à Nicolas Sarkozy. Il publiera fin avril, chez Plon, un livre qui s'annonce comme un brûlot et servira à nourrir sa campagne des élections européennes. D'ici là, il sourit d'une enquête du quotidien gratuit Métro, à laquelle 7 000 lecteurs ont répondu : 48 % le désignent comme le premier ministre de leur "gouvernement idéal" pour faire face à la crise, devant Dominique Strauss-Kahn (36 %) et Alain Juppé (16 %).
Comment appréciez-vous les résultats du G20 ?
Les intentions affichées vont dans le bon sens. Il faudra maintenant les confronter aux résultats. Sur les paradis fiscaux, on a fait un pas en avant que je considère comme important. Sur la régulation, on a accepté des principes, mais pour l'instant ce sont des voeux pieux. Sur la relance, la présentation des chiffres, 5 000 milliards, est publicitaire : je voudrais que la réalité suive, et je n'en suis pas sûr. Une absence dommageable : la question de l'équilibre du système monétaire sur la planète, trop dépendante du dollar.
Les décisions prises suffiront-elles à ramener la confiance ?
Je ne le pense pas. Cela fait des mois que je plaide pour un plan de relance concerté à l'échelle européenne, adossé à un emprunt européen pour financer de grands investissements, les PME et aider les ménages les plus en difficulté. L'augmentation massive du nombre de chômeurs, ajoutée à la divulgation quotidienne des privilèges de quelques-uns des dirigeants de grandes entreprises et à la concentration des pouvoirs entre les mêmes mains : ce sont les ingrédients d'un mélange dangereux.
Le climat social vous inquiète ?
"Un autre monde est possible", disiez-vous le 29 mars, lors de la première convention européenne de votre parti. Le G20 est-il parvenu à jeter les bases de ce nouveau monde ?
A l'UMP, on dit que vous courez derrière Olivier Besancenot.
Assumez-vous une certaine forme de radicalité, voire de populisme ?
Je me fiche des accusations, une seule question compte : ce modèle de société va-t-il ou non dans le bon sens ? Ma réponse est non. A partir de là, je ferai tout pour que les Français comprennent ce qu'on cherche à leur imposer et qu'ils choisissent un autre cap.
Vous estimez que Nicolas Sarkozy est en rupture par rapport à la tradition française ?
Vous contestez la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'OTAN ?
Dans le monde, la France avait une originalité : elle était dans l'alliance, mais pas sous l'autorité du commandement américain. Cela avait une grande signification : nous étions amis, mais pas soumis, solidaires mais pas intégrés. Cela nous a permis, par exemple, de dire non au moment de la guerre en Irak. Pour une grande partie du monde qui nous aimait, c'était l'identité de la France. On y a renoncé et, selon moi, c'est une amputation. Et qui nous le demandait ? Personne. Où cela nous conduit-il ? A un ensemble euro-américain face au reste de la planète. Et cela n'est ni notre vocation ni notre intérêt.
Y a-t-il, entre vous et Dominique de Villepin, suffisamment de convergences pour engager un dialogue ?
J'entends bien cette rumeur. Je n'ai pas eu de contact avec Dominique de Villepin depuis deux ans. Mais je parlerai volontiers avec lui. Le jour où l'on voudra construire une politique différente en France, il faudra qu'acceptent de travailler ensemble des courants républicains différents, démocrates, socialistes, gaullistes. Il y a une communauté républicaine en France : un jour, si les choses deviennent graves, elle devra se rassembler.
Allez-vous constituer un groupe à l'Assemblée, réunissant des élus venus de divers horizons ?
Vous avez été ministre de l'éducation nationale. Approuvez-vous la réforme de l'université ?
Assiste-t-on à la coupure entre Nicolas Sarkozy et le monde des "sachants" ?
Article paru dans l'édition du 05.04.09.
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D-D-MoDem 971.
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